la formation Djakout #1 a rebondi avec force sur la scène HMI

par Robert Noël – Le Djakout #1 a récemment produit un nouveau disque et déjà les résultats sont satisfaisants pour les fans et musiciens de cette formation musicale. Il y a de quoi s’enorgueillir puis que le produit bénéficie de commentaires jusqu’ici positifs. Le passage de Djakout #1 aux Etats-Unis, à l’occasion du weekend de la Thanks giving, a confirmé une telle assertion. Toutes les soirées qu’il a animées pendant cette courte période avaient réussi.

La fanfaronnade de Shabba intimide certains compétiteurs
Shabba est sorti de son silence et se jette en plein dans la fanfaronnade (fè dyòlè) qui le caractérise, et cela sans réserve. Son mode de fonctionnement exerce un effet psychologique sur ceux qui l’entourent et beaucoup plus sur les compétiteurs de Djakout #1. Une analogie permettra de mieux comprendre ce qu’il fait. C’est comme quelqu’un qui se prépare pour un combat et l’adversaire crée la peur et la panique à l’esprit de celui-ci, qui se laisse facilement prendre au piège du fanfaron (dyòlè), comme l’auraient dit nos frères et soeurs du Cap-Haïtien. Ce serait une perte de temps de parler de théorie musicale avec Shabba, telle que progression d’accords II, V, I, où de II à V créant une tension et une résolution de V à I. Mais, il maîtrise bien les techniques de fanfaronnade. Il passe pour champion dans ce domaine.
C’est un combat que le taquin Shabba pense qu’il a gagné d’avance. Ce n’est pas sans raison qu’il crie haut et fort : Ansyen kabap, bay nouvo kapab plas. A-t-il raison ? Djakout #1 n’a pas encore détrôné les groupes musicaux qui occupent les meil leures positions au classement de la compétition. Mais il s’est taillé une meilleure place, considérant la période de sécheresse qu’il avait connue. Il faut dire que Djakout #1 a bousculé le temps avec agressivité, au point d’intimider certains de ses compétiteurs, qui déjà perdent contrôle, se voyant menacer par le grand bond qu’a fait Djakout #1 en si peu de temps.
Certains disent que la curiosité a motivé les gens à assister aux prestations live de Djakout #1. D’autres
déclarent que tout est pour un temps, faisant allusion à l’avant-dernière production musicale de ce groupe, qui avait causé la chute de cette formation musicale après le départ de Steeve Khé. La réalité avait alors sauté aux yeux et elle était. Djakout #1 se présente aujourd’hui avec une nouvelle formule qui pourra lui garantir une longue période de succès si les responsables et musiciens comprennent le côté business de la musique, dans le cadre de ce marché imprévisible. Plus d’un pensent que Steeve Khé mérite une augmentation de salaire cette fois, sans discussion. Sa voix et sa présence contribuent grandement à replacer Djakout sur la scène HMI. La nouvelle configuration de Djakout avec trois chanteurs en première loge marche bien.

L’ancienne stratégie de promotion et de marketing n’est plus de mise
Le terrain sur lequel Djakout #1 évoluait dans ses années de gloire a changé avec le temps. Le champ n’est plus libre, puisque d’autres groupes ont eu le temps de s’imposer quand Djakout #1 avait sombré dans l’incertitude. Trois bonnes prestations ne suffisent pas pour consolider le succès d’un groupe musical. Il faut que les artistes se mettent en tête que l’ancienne stratégie de promotion et de marketing n’est plus de mise. La donne a longtemps changé. Aujourd’hui, un bon produit doit être accompagné d’une promotion agressive et d’un marketing convaincant.
Certains pensent que la production de plusieurs vidéos de chansons du même album peut aider beaucoup plus à la visibilité de leur groupe musicale. Ils se trompent grandement, et bon nombre de groupes emboîtent le pas dans cette direction, semblant ignorer que le marché musical compas direct n’a pas la capacité d’absorber de tant de vidéos. D’ailleurs, les gens ne s’intéressent pas trop aux supports vidéo. La production d’une vidéo nécessite une bonne étude du marché. Que de gaspillages de temps et d’argent investis dans des vidéos n’avions-nous pas constatées dans cette pauvre industrie au fil des ans ? On doit souligner que toutes les thématiques des support-vidéos des groupes musicaux du monde compas direct montrent une certaine ressemblance.
Les musiciens ont souvent tendance à jouer à l’intelligent, profitant de leur amitié avec quelques animateurs de radio pour leur solliciter la diffusion de leur musique au cours de leurs émissions. Leur formule classique demeure la suivante : « Roule CD sa a pou mwen ». Ces artistes font semblant de ne pas comprendre la différence entre promotion et information. On ne doit pas toujours condamner les animateurs.
Le public a droit à l’information gratuite, c’est-à-dire que les animateurs peuvent informer leurs auditeurs
d’un nouveau produit mis en circulation. Mais il appartient aux aussi aux musiciens de comprendre aussi qu’il faut un budget pour garantir la promotion de leurs œuvres. Il est vrai que certains animateurs pratiquent la Payola, exigeant un cachet des groupes musicaux à l’insu de l’administration de la radio (anba tab), mais les musiciens les tolèrent puisqu’ils adhèrent à leur mode de fonctionnement.
Dès lors, ils sont aussi coupables que les animateurs. Ils n’exigent aucun reçu de ces derniers, qui, non plus, n’ont jamais l’intention de leur en donner un. D’ailleurs, certains d’entre eux demandent aux musiciens de ne dire à qui que ce soit qu’ils leur ont donné de l’argent. Si une telle exigence est réclamée des musiciens c’est que ces animateurs sont conscients de la nature illégale du business qu’ils entreprennent. On est en plein dans une situation où évoluent des corrupteurs et des corrompus, le plus grand problème d’Haïti. Et cela ne date pas d’aujourd’hui.

À la lumière de toutes ces observations, le groupe Djakout #1 saura comment s’y prendre cette fois-ci
pour éviter de revivre la situation qu’il avait connue dans un passé pas trop lointain. En plus de tout cela, une projection pour 2018 s’avère nécessaire. La saison des fêtes de fin d’année 2017 s’annonce fructueuse pour Djakout #1. La période de vaches maigres va commencer après la fête des Rois, le 6 janvier 2018. Puis viendra le Carnaval haïtien qui marquera le début de la saison morte.
Car, avant les Pâques, le marché compas direct fonctionne marche au ralenti.

Le mois de mai est la saison des réceptions de première communion. Au mois de juin, commencera la Coupe du monde de football 2018 en Russie, un sport que l’Haitien ne né gocie jamais. Il faudra que Djakout #1 emploie une bonne stratégie par rapport à ce calendrier s’il veut tenir ferme. « Djaz peyi a », surnom donné à Djakout #1, se trouvera dans l’obligation d’ajuster ses activités en fonction des pressions que va lui imposer la nouvelle année. Djakout #1 ne peut se permettre de commettre les mêmes erreurs du passé. Qu’on soit fans de Djakout #1 ou pas, il faut présenter nos sincères félicitations et souhaiter du succès aux musiciens de cette formation musicale qui ont déployé un grand effort qui leur a valu cette attention particulière aujourd’hui.


la version originale de cet article se trouve en P. 16 de l’édition en cours, à cette adresse : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2017/12/H-O-20-Dec-2017-1.pdf