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NOUVELLES BRÈVES

Deux femmes de race noire qui ont, exceptionnellement, affecté l’histoire de leur pays respectif sur deux continents distincts, sont mortes dans l’intervalle de neufs jours.

Linda Brown s’est éteinte le 25 mars écoulé, à Topeka, Kansas, États-Unis d’Amérique, à l’âge de 75 ans, tandis que Winnie Madikizela Mandela a fait le voyage éternel le 2 avril courant à Soweto, faubourg de Johannesbourg, Afrique du Sud, âgée de 81 ans. Linda Brown est bien cette fille de neuf ans que son père, Oliver Brown, a voulu enrôler, en 1951, à l’école élémentaire Sumner, à Topeka, une institution qui n’acceptait que des enfants blancs. Face à la résistance des racistes qui s’opposaient à sa décision de faire valoir son droit constitutionnel, M. Brown intenta le fameux procès Brown v. Board of Education, par devant la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire aux États-Unis qui, le 17 mai 1954,sonna le glas de la ségrégation raciale dans les écoles publiques par une décision unanime, déclarant cette pratique « une violation » de la Constitution, donc « inconstitutionnelle ».

En effet, la décision stipule que « (. . .) des établissements éducationnels séparés sont intrinsèquement inégaux et constituent une violation du 14e amendement de la Constitution des États-Unis qui déclare qu’égale protection ne peut être niée à aucun citoyen ». À souligner que Thurgood Marshall, l’avocat de « l’Association nationale pour l’avancement des gens de couleur », sigle anglais NAACP, qui avait plaidé le cas par devant la Cour suprême, devint le premier Noir à occuper un siège ā ce tribunal, en octobre 1967, et ce, jusqu’en octobre 1991. Né le 2 juillet 1908, il rendit l’âme le 24 janvier 1993, à l’âgé de 84 ans. Faisant l’éloge de Linda Brown, le 26 mars, le gouverneur du Kansas, Jeff Coyler, devait dire : « Il y a bien 64 ans depuis que le cas d’une jeune fille de Topeka mit fin à la ségrégation dans les écoles publiques aux États-Unis. La vie de Linda Brown nous rappelle que parfois les gens les moins soupçonnés peuvent avoir un impact incroyable, et qu’en nous mettant au service de notre communauté nous pouvons changer le monde ».

L’établissement élémentaire Monroe et Sumner devint un site national, le 4 mai 1987, selon ce que rapporte le Service national des parcs. Mais il revint au président George H. W. Bush de signer, le 26 octobre 1992, l’acte faisant du site d’où découle « Brown v. Board of Education » un parc national. Ainsi, rentre dans l’histoire une jeune fille qui, au-delà de la tombe, servira d’inspiration aux générations futures.

Quant à Winnie Madikizela Mandela, elle est née Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela, le 26 septembre 1936, et reconnue comme « la Mère de la Révolution » sud-africaine, pour avoir maintenu la flamme de la résistance contre l’apartheid, ce système de ségrégation raciale qui régissait la société d’Afrique du sud. Elle a beaucoup enduré durant les 27 ans d’emprisonnement de son mari, l’icône Nelson Mandela. Elle a été emprisonnée à maintes reprises par le régime d’apartheid et même bannie dans son propre pays, ne pouvant pas se déplacer d’un village éloigné des grandes agglomérations, disons un exil qui ne dit pas son nom. Winnie, première femme sud-africaine à se spécialiser au travail social, épousa Mandela, 18 ans son aîné, en 1958,sachant qu’il était un nationaliste farouche qui visait le renversement de l’État apartheid. De leur union, naquirent Zenani, en 1958 et Zindziwa, en 1960. À peine avait-elle le temps de connaître vraiment son époux, a-t-elle écrit, qu’il a été emprisonné, en 1962, accusé de sédition et condamné à la prison à perpétuité. Mais en 1990, après avoir séjourné dans trois différentes prisons, il a été libéré par le président F. W. de Klerk.

Mandela, le premier Noir à être élu président de l’Afrique du sud, assuma la présidence le 10 mai 1994 pour ensuite passer la succession à Thabo Mbeki. Le lien qui unissait Winnie Madizikela à Nelson Mandela durant près de trois décennies d’emprisonnement de ce dernier, a sauté en 1996 durant la présidence de Mandela. Il devait accuser son épouse d’infidélité, nommant même son jeune amant, Dali
Mpofu, un avocat, 30 ans le cadet de Winnie. Toutefois, elle n’a cessé de porter le nom Mandela et demeura en contact avec son ex-mari jusqu’à sa mort de ce dernier, le 5 décembre 2013, à l’âge de 95 ans.

Lundi, visitant la maison de la défunte, ā Soweto, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, fit son éloge en disant : « La mort de Winnie Madikizela Mandela est une grande perte, vu qu’elle a été l’une des femmes les plus solides dans notre lutte, qui a souffert rudement sous le régime apartheid. (. . .) Mais elle tint bon, déterminée comme elle seule, courageuse, et têtue par-dessus le marché. Oui, elle était têtue en faveur de notre peuple, sachant que par sa détermination à faire de nous des têtus, elle pourrait inspirer des millions de Sud-Africains ». En effet !

Un service en mémoire de Winnie Madikizela Mandela se tiendra le 11 avril et des funérailles nationales lui sont réservées le 14 avril. Paix à son âme ! Le président Donald Trump a déclaré la mobilisation de militaires pour surveiller la frontière sud des Etats-Unis. En effet, hier (mardi 3 avril), le chef d’État américain a déclaré que faute d’une muraille, il compte envoyer des milliers de soldats pour  surveiller la frontière americano-mexicaine d’une longueur de 3 145 kilomètres. C’est au cours d’une réception en l’honneur des autorités baltes, en visite à Washington, que M. Trump a déclaré qu’il discutait de ce plan avec le secrétaire de la Défense, le général Jim Mattis.

Le même mardi, il devait réitérer, lors d’un point de presse, ā la Maison Blanche, ce qu’il avait déjà annoncé : « Nous allons faire les choses militairement », a-t-il dit. « En attendant que nous ayons une muraille et la sécurité qu’il nous faut, nous allons surveiller notre frontière avec des militaires. C’est un pas de géant. Nous n’avons pas agi de la sorte auparavant, certainement pas de cette envergure ».

À souligner que le président subit des pressions de la droite, après avoir signé un budget de 1,3 trillions de dollars, budget qui comprend seulement 1,6 billions de dollars, bien en deçà des 25 billions qu’il exigeait pour sa muraille. Rappelons aussi que les 1,6 billions sont prévus pour la réparation de clôtures existantes, pas pour l’érection d’aucune muraille. Frustré, la semaine dernière le président avait mentionné que l’on pouvait éponger le budget du Pentagone pour trouver les fonds nécessaires à l’érection de sa muraille. Sous le couvert de surveillance de la frontière militairement, se pourrait-il que des soldats soient astreints à d’autres tâches, telle la maçonnerie et autres ? Qui vivra verra !

Une autre nouveauté du président Trump fait sourciller. Vendredi dernier, 30 mars, le chef d’État américain décrétait le mois d’avril « Mois de sensibilisation contre l’assaut sexuel ». Naturellement, il s’agit d’agression contre les femmes. Le « Centre national de ressources contre la violence sexuelle » indique que depuis 2001, le mois d’avril est reconnu comme mois dédié aux femmes victimes de violence sexuelle. Mais c’est l’administration Obama qui avait débuté, en 2010, cette tradition que le président Trump semble embrasser en dénonçant « les crimes sexuels qui trop souvent restent impunis».Vu qu’au moins quinze (15) femmes ont accusé le président d’actes sexuels répréhensibles, accusations qu’il a vivement repoussées, on a du mal à comprendre pourquoi le président Trump n’a pas dénoncé cette tradition en faveur des femmes remontant à l’ère Obama, comme il l’a fait pour d’autres édits présidentiels de son prédécesseur.

À Lima, Pérou, se tiendra le Sommet des Amériques, les 13 et 14 de ce mois. Selon une dépêche de l’Associated Press du 3 avril, les présidents Donald Trump et Raul Castro sont du nombre des chefs d’État des Amériques qui seront présents au Sommet dont le thème est « Gouvernance démocratique contre la corruption ». Le 10 mars dernier, quand la Maison-Blanche avait, en tout premier lieu, annoncé la présence du président Trump au Sommet, il était dit qu’il rencontrerait en aparté le président péruvien, Pedro Pablo Kuczynski, un ancien banquier de Wall Street. Mais le 21 mars, M. Kuczynski s’empressa de démissionner, juste avant un vote au Parlement le jour d’après qui visait sa destitution pour des actes de corruption. Alors, on se demande si le président Trump aura un tête-à-tête avec le nouveau président péruvien, Martin Vizcarra, l’ex vice-président qui est un ami et protégé de vieille date de Kuczynski ? Quelle attitude aura-t-il envers le président Castro, vu que les relations américano-cubaines connaissent un nouveau gel depuis la prise du pouvoir par M. Trump ? Et pour- quoi le président haïtien tarde-t-il à annoncer sa présence au Sommet ?


l’original de cet article se trouve en P. 1, 14, 15 de la version PDF de l’édition courante de l’hebdomadaire Haïti Observateur et à cette adresse : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/04/H-O-4-avril-2018-1.pdf