APRÈS LA DATE FATIDIQUE DU 14 JANVIER, UNE NOUVELLE GUERRE

APRÈS LA DATE FATIDIQUE DU 14 JANVIER, UNE NOUVELLE GUERRE

  • La mobilisation «manche longue» annoncée

La présidence de Jovenel Moïse a survécu la mobilisation qui a duré plus de deux mois, jusqu’à voir la date fatidique du 14 janvier 2020 qui marque la fin du mandat de la Chambre basse et de celui d’un tiers du Sénat de la République, si la Constitution élaborée en 1986 amandée est encore en vigueur. En tout cas, sans autre forme de procès le président décrié s’est arrogé le droit de modifier unilatéralement la Charte fondamentale, en renvoyant plutôt les deux tiers du Grand Corps. Cette décision a immédiatement déclenché la relance de l’action oppositionnelle ouvrant la voie à de nouvelles mobilisations, que les chefs de file de la contestation ont déclaré seront «permanentes», jusqu’à ce que M. Moïse soit chassé du Palais national. Il semble que la guerre soit déclarée.

À l’heure numérique les affaires d’État étant menées au rythme des tweets, c’est par cette voie que Jovenel Moïse a informé la nation le « constat » de la caducité du Parlement. Bizarre- ment, de surcroît, il a poussé son instinct dictatorial jusqu’à mettre hors-jeu les deux tiers du Sénat, au lieu d’un tiers, comme le veut la Constitution.

En procédant de cette manière, Moïse a pris la décision d’affronter sans ménagement l’opposition ainsi que les secteurs opposés à sa politique, sans appartenir véritablement à celle-ci. Il faut savoir que cette décision de Nèg Bannann nan par rapport au Parlement n’est pas née de rien. Puisque depuis déjà des semaines, des rumeurs persistantes faisaient état de sa volonté d’infirmer délibérément les deux Chambres, afin d’avoir les coudées franches pour diriger le pays à coups de décrets. La nouvelle était largement colportée à la capitale faisant croire que les parlementaires dont le mandat arrive à terme seront immédiatement privés des véhicules de l’État qu’ils avaient à leur disposition. Il semble que des mots d’ordre en ce sens aient été passés à la Police nationale pour exécuter cette tâche.

Toutefois, vingt-quatre heures après avoir constaté la caducité du Parlement, il n’a pas encore pris un seul décret. Même la fin du mandat du Parlement n’a pas été communiquée par un décret présidentiel. En raison de cette ambiguïté, la nation ignore combien de sénateurs occupent encore leurs sièges, dans les vues de Jovenel Moïse.

Interdits d’entrée au Parlement

À ce tournant de la vie politique nationale, Jovenel Moïse a commencé cette période de flou que traverse le pays en prenant des décisions inédites par rapport à ses prédécesseurs. Par exemple, ce matin (mardi 14 janvier) apprend-on à la capitale, il ordonné à des policiers de monter la garde aux abords de du Parlement afin d’y interdire l’accès à tout parlementaire dont le mandat a pris fin. Des témoins présents sur les lieux ont indiqué que les véhicules de parlementaires en poste auraient été fouillés afin de vérifier si aucun d’entre eux auraient l’intention de faire entrer clandestinement des collègues. Présentement, seuls des sénateurs PHTKistes siègent au Sénat. Aussi bien que les dix adeptes du parti présidentiel se sont-ils empressés de former un nouveau bureau dont les attributions ont été réparties de la manière suivante, mais sans élection : Pierre François Sildor représentant le sud, président; Jean Marie Ralph Féthière (représentant le Nord), questeur; et Wanique Pierre, Nord-est.

L’opposition décrète la mobilisation permanente L’opposition démocratique n’a pas tardé à donner la réplique à Jovenel Moïse. Lors d’une conférence de presse tenue dans la cour de Radio Kiskeya, l’avocat André Michel, parlant au nom des factions oppositionnelles, qui avaient mené la mobilisation pour demander la démission de l’occupant du Palais national, a annoncé l’abandon du projet qui prévoyait des manifestations la nuit et en week-end. Il a précisé que les protestataires vont descendre dans la rue et y restera « non stop jusqu’à ce que l’apprenti dictateur s’envole.

L’opposition a fait savoir à Jovenel Moïse de se garder de penser qu’il sera en mesure de diriger par décret. Selon lui, la situation ne sera pas facile pour lui.


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 15 janvier 2020 VOL. L, No. 2 New York, et se trouve en P. 1, 13 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/01/H-O-15-janvier-2020-1.pdf