LA CAMPAGNE DE JOVENEL MOÏSE CONTRE LA SOGENER

LA CAMPAGNE DE JOVENEL MOÏSE CONTRE LA SOGENER

  • Rien pour assurer la distribution du courant aux consommateurs, une autre vaste conspiration pour escroquer le peuple haïtien par Léo Joseph

Qu’on évite de donner dans le panneau, par rapport à la propagande de Jovenel Moïse et de ses alliés du PHTK tendant à faire croire que la campagne du Palais national contre la Société générale d’énergie (SOGENER) vise à assurer une distribution rationnelle du courant électrique aux consommateurs et à se défaire d’un contrat basé sur la surfacturation. Car la réalité entraînée par cette décision du Palais national en dit autre chose. Tout semble démontrer qu’elle s’inscrit dans le cadre de la corruption et de l’enrichissement illicite dont se fait l’apanage de l’équipe au pouvoir.

En effet, si la levée de boucliers procédée par Jovenel Moïse, contre la firme d’énergie des Vorbe, suscitait chez les naïfs l’espoir de la concrétisation de la promesse d’électricité 24 sur 24, sept jours par semaine et sur toute l’étendue du territoire, que le locataire du Palais nationale a faite depuis déjà plus de deux ans, il semble que l’illusion soit exceptionnellement brève. Jovenel Moïse a déclaré un bras de fer juridique avec les propriétaires de la SOGENER dans lequel il se constitue juge et partie, sous prétexte que le contrat qui liait l’État haïtien à cette compagnie était basé sur la surfacturation au préjudice de celui-ci, en particulier. Dans le même contexte, le président Moïse et son équipe faisaient passer cette compagnie fournisseuse de courant électrique pour «vendeuse de black-out», au détriment des consommateurs en général.

Séduits par le déguerpissement caporalisant de SOGENER faisant danser dans la tête de certains la perspective d’une distribution régulière de l’électricité, peu de gens, en dehors des partisans du pouvoir, s’est ému de l’injustice criante faite aux Vorbe et consorts. Mais la situation n’allait pas tarder à se renverser. Car quelques semaines après la révocation unilatérale du protocole l’État haïtien-SOGENER, les abonnés se rendent compte combien le service dispensé par la compagnie des Vorbe était plus rationnel. Depuis quelques jours, les consommateurs frondeurs vocifèrent qu’un nouveau «vendeur de black-out» occupe l’espace de l’énergie. Il s’appelle État haïtien-Électricité d’Haïti (EdH). La manière dont Jovenel Moïse et l’équipe PHTKiste gère les affaires du pays, rien ne porte à croire qu’une amélioration de la distribution du courant électrique soit de sitôt au rendez-vous. Surtout que Jovenel Moïse et son entourage sont passés pour maîtres dans l’art de mentir.

Le black-out en permanence

Les abonnés de l’électricité, sur les différents réseaux du système, viennent de subir une ration drastique de zéro électricité durant plusieurs jours avant le décernement du prix de consolation, soit 6 heures de la précieuse commodité par jour. Ce qui semble prendre l’allure d’une sentence a été annoncée par le directeur général de l’EdH lui-même indiquant le caractère permanent de ce nouveau régime.

Hervé Pierre-Louis a déclaré, lors d’une intervention devant des journalistes, que l’EdH ne sera en mesure de fournir que «six heures» d’électricité par jour en raison, dit-il, des difficultés auxquelles se trouve confrontée l’institution qu’il dirige. Il fait état du non-paiement des factures par les consommateurs et le bas niveau de pluviométrie affectant la production d’énergie électrique de la plante hydroélectrique de Péligre.

Mais M. Pierre-Louis s’est montré très discret par rapport aux vraies causes (sinon aux autres raisons majeures) des présentes difficultés rencontrées dans la distribution de l’énergie, se gardant de mentionner la résiliation du contrat de la SOGENER ainsi que l’expulsion de cette compagnie de la centrale électrique de Varreux. Aussi bien le budget nécessaire au bon fonctionnement des usines et à la préparation technique de la nouvelle entité appelée à gérer la production et la distribution du courant électrique.

Factures impayées égalent black-out

Si M. Pierre-Louis et d’autres autorités compétentes impliquées dans la gestion et la production du courant électrique jonglent avec la vérité relative à la disponibilité du courant sur les différents circuits, il est temps de jouer carte sur table avec les consommateurs, d’aller au fin fond d’une autre cause du black-out. Dans les quartiers dont les factures restent impayées, les consommateurs sont potentiellement vulnérables à la rareté du courant.

En effet, les quartiers résidentiels encerclés de bidonvilles sont les principales victimes du black-out. C’est le cas, par exemple, des résidences situées dans l’orbite de Jalousie, des bidonvilles de La Boule et de Fermathe, pour ne citer que ceux-là. Interrogés à ce sujet, plusieurs ménagères ont révélé que la distribution du courant électrique dans leurs quartiers est, au mieux, imprévisible. Bien que les autorités promettent six heures par jour, cet objectif n’est pas nécessairement atteint de manière régulière. Le plus souvent, ont-ils précisé, la jouissance de l’électricité dure moins de trois heures/jour.

Dans la mesure où les zones jadis assimilées aux quartiers huppées sont encerclés de bidonvilles, grâce à l’influence d’Aristide, désormais la majorité des agglomérations de la capitale sont coincées par des bidonvilles dont les propriétaires ne payent jamais le courant électrique. Autant dire, plus de 35 % des consommateurs de cette commodité jouissent de l’électricité sans jamais recevoir une facture de l’EdH.

Il faut souligner que, bien que le phénomène des bidonvilles fit son apparition sous Duvalier, la dernière vague de ces constructions anarchiques ont été favorisées surtout par M. Aristide, dans le but de «surveiller et de terroriser les bourgeois» par l’entremise des organisations populaires et les partisans zélés de Lavalas proches du prêtre défroqué installées dans leurs quartiers.

Martine Moïse et Shérif Abdallah distributeurs d’électricité ?

Même avant la résiliation du contrat de la SOGENER par Jovenel Moïse, les rumeurs faisaient état du lancement d’une société de distributeurs d’énergie par la première dame, Martine Moïse et Shérif Abdallah, homme d’affaires proche du Palais national. Mais bizarre, on n’avait jamais entendu auparavant qu’il avait une quelconque compétence dans ce domaine. Encore moins l’épouse du président. Il y a fort à parier que cette nouvelle société soi-disant fournisseuse d’énergie a été créée précisément pour escroquer l’État haïtien et les consommateurs du pays.

En effet, l’expérience que le pays a faite avec Agritrans, Betexs et les autres compagnies de Jovenel Moïse, dénoncée, entre autres, par la Cour supérieure des comptes (CS/CCA) pour leurs méfaits dans l’affaire PetroCaribe, constitue l’exemple de ce qu’on peut attendre du genre de prestation que peuvent donner ces deux associés. On connait le contrat léonin dont a bénéficié Abdallah dans l’accord qu’il a passé entre le gouvernement Moïse et sa compagnie de location d’hélicoptère. Il s’agit de facturation pourtant sur des millions de dollars permettant au président de percevoir de juteuses commissions pour lui-même.


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 12 février 2020 VOL. L, No.6  New York, et se trouve en P. 1, 14 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/02/H-O-12-februar-2020-1.pdf