Face au COVID-19, le peuple haïtien doit se méfier de Jovenel Moïse

ÉDITORIAL par Éditeur

  • Face au COVID-19, le peuple haïtien doit se méfier de Jovenel Moïse

La pandémie du coronavirus, rebaptisée COVID-19 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sème la terreur globalement. Depuis qu’il a fait son apparition en Chine, vers mi- décembre, il s’est propagé à travers le monde à un rythme effrayant, le peuple haïtien a toutes les raisons de redouter l’avenir. Vu la nonchalance, l’opacité et la cupidité qui caractérisent le régime PHTK dirigé par Jovenel Moïse, il y a fort à parier que les couches les plus vulnérables surtout seront laissées à la merci de ce fléau. Surtout que, d’ores et déjà, le chef de l’exécutif et ses alliés se positionnent pour tirer le maximum de millions de l’aide internationale qui s’annonce déjà.

Pour commencer, il y a lieu de noter les décisions peu sages prises par M. Moïse, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Alors que tous les chefs d’État et de gouvernement du monde s’en remettent aux experts pour obtenir des conseils salutaires avant de prendre des décisions bénéfiques à leurs peuples, l’équipe Moïse-Jouthe enfonce sa tête dans le sable avant de passer des résolutions impliquant les intérêts de la nation. Habitué à diriger le pays de manière abracadabrante, depuis sa prestation de serment, le 7 février 2017, il n’a pas changé son fusil d’épaule non plus dans la gestion de cette méga-crise.

En effet, la décision la plus désastreuse qu’il a prise porte sur celle relative à l’interdiction de vols des lignes aériennes vers notre pays. Unilatéralement, il a décrété l’interdiction d’atterrir à toutes les lignes aériennes assurant le trajet avec Haïti, sauf les compagnies américaines. Pourtant les États-Unis recensent le plus grand nombre de personnes infectées hors de la Chine, l’épicentre de l’épidémie derrière l’Italie, en Occident, soit 6 % des victimes du monde entier. Avec le plus grand nombre de passagers arrivant à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien, en provenance des villes américaines, à bord des vols américains, il est certain que les passagers en provenance des États-Unis seraient potentiellement des vecteurs de contamination davantage que les autres pays dont les vols sont interdits en Haïti. Dire que dimanche dernier, même les vols venant des États-Unis sont aussi interdits.

En ce qui a trait aux mesures internes, Jovenel Moïse se révèle égal à lui-même : sans imagination, privé de bon sens et d’une arrogance incomparable. Comment expliquer la décision de fermer les écoles et les universités ainsi que les autres centres d’apprentissage, les entreprises, surtout celles de la sous-traitance, le commerce, les institutions religieuses, sans donner de préavis à la nation. Ou, plus important sans plan d’accompagnement à l’intention des salariés dont la mise en chômage entraîne obligatoirement l’arrêt de leur paye. Aussi bien, dans ce contexte de confusion créée par la pouvoir, les ménagères, prises de court par une ordonnance totalement imprévue, se sont retrouvées sans provisions pour nourrir leurs familles. Dans un pays où la majorité dépend de la rue pour se procurer un repas, comment va-t-elle trouver de quoi se nourrir sans une intervention immédiate, intelligente et sûre de l’État ?

L’irresponsabilité du gouvernement se révèle dans toute sa laideur. Jovenel Moïse a soi-disant décrété la guerre contre le COVID-19, sans doter les hôpitaux et les centres médicaux de moyens de leur politique. Bien longtemps avant la première manifestation de l’épidémie, le personnel médical des hôpitaux publics, notamment la plus importante institution médicale du pays, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), ne cessait de réclamer des arriérés de salaire. Aussi bien faisant des demandes pour que les dirigeants procurent des fournitures, médicaments et équipements à ces mêmes institutions. Pourtant l’état d’urgence a été décrété par Jovenel Moïse sans doter les hôpitaux et autres établissements sanitaires d’équipements adéquats, ni les remettre à flot pour leur permettre de faire face à la vague de patients qui va y surgir à cause du coronavirus. Encore moins, payer aux médecins et aux autres membres du personnel les sommes qui leur sont dues. Il semble que, loin de se préparer pour prendre en charge les potentielles victimes de la pandémie, des médecins, infirmières et autres techniciens médicaux aient décidé de donner leur démission «pour ne pas mettre leur vie en danger», en sus d’être privés de salaires.

Régime prédateur, l’équipe au pouvoir, avec Jovenel Moïse à sa tête, ne se soucie guère du bien-être du peuple haïtien, qui en sait déjà long. Témoin, à part le pillage que lui et ses alliés politiques ont fait du fonds PetroCaribe, il faut attirer l’attention sur les différentes transactions opérées par l’exécutif dont il a retiré de juteuses commissions ou a fait d’intéressantes surfacturations. On en veut pour aide-mémoire la dernière de celles-ci, l’achat des quinze derniers véhicules blindés sur lesquels le président a majoré la facture soumise à l’État de 40 %.

On apprend qu’une opération similaire se prépare, dans le cadre de l’état d’urgence décrété à la faveur du COVID-19. Le compte PetroCaribe n’existant plus, Jovenel Moïse ne va pas pouvoir, à l’instar de René Préval, décaissant plus de USD 600 millions $ pour financer deux péri- odes d’urgence occasionnées par deux ouragans dévastateurs. Mais les fonds en question furent détournés au profit des candidats de son parti politique VÉRITÉ, aux élections municipales et locales. Ou bien l’escroquerie perpétrée sur ce même fonds PetroCaribe par les équipes Martelly-Lamothe, Martelly-Paul, Privert-Jean-Charles et Jovenel Moïse, le successeur de Martelly servant de protecteur et de receleur à tous. En l’absence des fonds générés par la vente du brut vénézuélien sur le marché local, le présent locataire du Palais national compte sur la Banque nationale de crédit (BNC) pour réussir son opération d’escroquerie contre l’État haïtien.

En l’absence du Parlement, mis hors d’État de fonctionner par la duplicité de Jovenel Moïse, pour qu’il puisse mener à bien ses entre- prises anti-démocratiques, Nèg Bannann nan se sent à l’aise dans son jeu.

Les forces vives de la nation doivent se mobiliser pour faire échec à ce nouveau complot d’escroquerie de Jovenel Moïse. Il faut qu’il rende compte, jusqu’au dernier centime, des derniers millions tirés de la BNC.


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, VOL. L No.11 New-York, édition du 25 mars 2020 et se trouve en P.10 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/03/H-O-25-march-2020-1.pdf