JOVENEL MOISE UN PRÉSIDENT QUI EST CONTRE SA PRÉSIDENCE

JOVENEL MOISE UN […] SANS LE SAVOIR ! par Elco Saint-Amand

La vérité brille dans la nuit comme le mensonge au soleil. Nous vivons dans un paradoxe institutionnel dégénéré où la misère mentale traverse avec la même intensité l’esprit des lettrés ainsi que celui des illettrés.Que l’on soit de gauche ou de droite, les sangliers mangent les pages de l’histoire, et en mangeront davantage si l’on n’érige pas une opposition positive des élites face à l’incohérence de la société.

Quand la morale tourne le dos à la politique

L’impératif de ces mauvais politiques est de gagner les élections et ce, quelque soit la nature de ces dernières, même sur les ruines d’un cynisme qui a, de jour en jour, aspiré l’essence des forces morales de la nation… l’illisibilité cohérente et constante est toujours là. En effet, pour cerner un tel sujet de société, nous nous référons au texte titré « Comprendre » du philosophe Jorge Luis Borges dans lequel il parle de sa confusion du réel. Car, à la lecture nous osons transposer cette analogie de la compréhension aux difficultés majeures du peuple haïtien pour tenter de faire le distinguo entre la mégalomanie et le parcours contrarié d’un président de la Ré- publique comme le nôtre.

Le général Henry Namphy, qui ne voyait que le bout de son nez, ne présidait le pays que pour détruire ce qui restait de l’économie, tout juste après la chute de la dictature… Venant au passage Jean-Bertrand Aristide, qui, de son côté, pour se venger de la société, a sans ambages, poussé la jeunesse aux bords de la déraison…Réné Préval, le président qui, par ses deux mandats, l’État se voit déposséder de presque toutes ses institutions commerciales… Quant au président Michel Martelly, pour sa part, il a incisé l’abcès d’une société pourrie qui, malgré tout, ne le méritait pas comme étant le chef. Jumelé avec un Laurent Lamothe, ils ont, à eux seuls gaspillé, vilipendé ce qui restait de moralité dans la société. Enfin, est venu le citoyen Jovenel Moïse qui, selon de nombreux observateurs a démontré sa velléité de tout promettre en dépit du gaspillage des Fonds de PetroCaribe. Qu’en est il de ces nombreux coups d’ État, ces coups de force qui n’ont rien apporté de positif à la destinée du pays. Un Prosper Avril ?

Ce bref exposé, nous montre clairement la complexité terrifiante, absurde et profondément désastreuse qu’est l’élan idiosyncratique qui gouverne notre cher petit coin de terre. Gouverner : Un échec successif qui aboutit à la présidence de Jovenel Moïse Le président Michel Martely, qui s’en enorgueillit à chaque instant d’avoir mis à genoux la classe politique traditionnelle du pays, mais a, toutefois, sans se rendre compte, représenté le thermomètre qui indique l’état du mal dont souffre notre société. Pour les critiques paresseux, notre réflexion pourrait s’avérer déroutante vu qu’elle ne soit pas dans la lignée des intérêts mesquins représentant désormais la toile de fond de tout débat sociopolitique. Ici, nous nous confortons dans cette impossibilité à comprendre de manière rationnelle le caractère anti-progrès de tous nos hommes de pouvoir.Penser,raisonner et corrompre de la même façon, quoi qu’ ils soient d’horizons différents, implique un sens du savoir «mal faire » et même la logique cartésienne aurait des difficultés à en tirer la rationalité.

Qu’avant la présidence de Jovenel Moïse

Élire des novices au timon des affaires de l’ État en Haïti est pour nous autres une grosse pierre dans la marre quand on observe dans des pays plus ou moins démocratiques le parcours de ceux là qui sont appelés à diriger la chose publique. C’est pourquoi, nous chantons à chaque gouvernement : Ô comble de l’amateurisme !

Nos présidents d’après 1986 sont tous engourdis et essoufflés par manque de connaissance des choses du pays; par là, se révèlent un sprinter, un « one man show»maladroit de la politique.Un homme qui promet et ne réalise rien. Nos présidents agissant comme s’ils se savent condamné à l’échec, prennent tous des risques en connaissance d’échec à venir. Ils ont tous échoué même avant leur intronisation.

Quand Jovenel Moïse se voit président

Sûr de ses acolytes, qu’il avait fanatisés bien avant le début de sa campagne électorale au cours de laquelle il claironnait ses prouesses dans le domaine de l’agriculture, Jovenel Moïse, devenu président, se retrouve aujourd’hui face à ses dis cours. Il se berçait d’illusions,sachant que l’Agrirans serait, son entreprise, un échec de gestion ou une certaine forme pour séduire « l’électorat », tant de la bourgeoisie que de la communauté inter- nationale, compte tenu de l’absence des votes des citoyennes et citoyens haïtiens. Jovenel Moïse, en bon stratège, a su imposer le mensonge comme mode de gestion de son pouvoir.

a) Par le choix de Guy Jack Lafontant : Devant l’inutilité d’une 50e Législature, M. Moïse a tout simplement marchandé le choix de son Premier ministre. Un pari pour le moins réussi, vu la soumission révélée et constatée de la majorité des députés et sénateurs.

b) Un parlement assujetti aux caprices de l’Exécutif : L’existence d’un lien visible et de soumission entre les deux pouvoirs. Pour l’instant, nous nous gardons de citer les récentes déclarations du sénateur Rony Célestin.

c) Les membres du gouvernement : La grandeur patriotique n’est nullement dans cette première équipe du pouvoir de Jovenel Moïse, c’est le constant qu’a fait un membre de la société lors d’un colloque sur la thématique de l’échec des politiques en Haïti.

PHTK : Une exaltation égocentrique de la politique

Nous pouvons perdre notre temps à vouloir identifier toutes les bêtises commises par ce gouvernement, cela n‘apportera aucune modification de ses pratiques de gestion. En dépit de toutes les protestations contre la révocation du directeur général de l’UCREF, le président et son équipe ont persisté et signé jusqu’au delà de leur instinct, et ce, en élargissant leur champs d’action par la révision de la loi de février2001ayant créé cette institution. Après l’adoption de la loi créant cette institution, e Parlement haïtien a vite sombré dans l’agonie, laissant uniquement aux comédiens la possibilité d’interpréter les actes manqués du Pouvoir législatif.

Le Parlement serait-il la chasse gardée du pouvoir de Jovenel Moïse ?

Pourtant, nonobstant les attributions conférées par la Constitution de 1987 au Parlement ( Chambre des députés et le Sénat), il n’est pas en mesure de jouer son rôle de contrôle du pouvoir exécutif qui corrompt… L’ex-sénateur Gabriel Fortuné, connu pour ses revirements spectaculaires et aujourd’hui un fervent allié de Jovenel Moïse, a déclaré, la semaine dernière, que le pouvoir PHTK deuxième version ne peut pas faire marcher le pays, au point de conseiller à son ami président de se ressaisir.

Les faux pas de Jovenel Moïse

Pour plus d’un, les faux de Jovenel Moïse sont multiples… D’abord, il y a trop de marchandages politiques dans le sillage de l’équipe Moise-Lafontant, et ensuite trop de promesses qui resteront lettres mortes même lorsqu’on aurait donné par impossibilité au gouvernement les moyens de remettre sur pied l’Armée d’ Haïti dont on ne connaît pas jusqu’ici les tenants et les aboutissants, compte tenu du manque de légitimé du pouvoir PHTK 2. La caravane ne passera pas. En l’absence d’un débat de société où toutes les forces vives auront leurs mots à dire et leurs recommandations à faire ou à proposer, nous persisterons à tourner en rond. En effet, une telle démarche solitaire paraît inopportune et connaîtra un échec cuisant. La caravane n’a, jusqu’ici, pas donné grand chose en terme de résultats concrets dans l’ Artibonite ; et ne va rien donner dans le Sud non plus, avec la grande majorité des routes en terre battue transformées en bourbiers à l’occasion des pluies diluviennes qui s’abattent périodiquement sur cette région,selon des observateurs avisés et proches du pouvoir.

Le coordonnateur de ces activités d’État, qui n’est autre que l’ancien ministre de l’Agriculture Jacques Thomas, n’est pas en mesure de donner à la presse un plan détaillé de la caravane… Il serait opportun de dire à Jovenel Moïse : Arrêtez de jouer avec l’avenir de tout un peuple, étant très loin de passer pour celui qu’il entend faire croire qu’il est.

Comment comprendre le silence de la présidence sur la question des réfugiés haïtiens ?

Le silence de la présidence, qui est considéré dans la presse internationale comme étant une preuve d’irresponsabilité et un absence total de vision de la part des dirigeants, est diversement commenté.

Le président se donne davantage en promesses un peu partout à travers le pays, comme si, pour lui, Haïti vit une sorte de déchéance citoyenne. À entendre les nombreux témoignages de ces citoyens qui ne demandent qu’à être protégés parle gouvernement, même lorsqu’ils sont en difficulté dans un autre pays. En réalité, le constat est carrément frappant parle silence d’un gouvernement qui ne fait qu’élargir son assiette fiscale aux dépends des porches de la diaspora.

Haiti sous le signe du PHTK

On ne peut s’empêcher de se référer aux déclarations du président du Sénat, le sénateur de l’Artibonite Youri Latortue, à l’encontre de l’ex-Premier ministre Laurent Lamothe qui, selon lui, était des plus corrompus. M. Latortue a dit qu’il se renferme davantage dans les conclusions de la Commission éthique et anti-corruption du Sénat.

Depuis plus de deux mois, l’on constate, à travers des pays de l’hémisphère, une sorte de levée de boucliers contre des chefs d’État ou anciens et actuels ministres qui pataugeaient dans la corruption.

Plus près de nous, en République dominicaine, les organisations de la société civile demandent, à travers des manifestations des rues, au président Médina de rendre publiques les sources de financement de sa campagne présidentielle. Qui osera demander des comptes au président Jovenel Moïse, en dépit de son inculpation par la justice pour corruption et blanchiment des avoirs ? Seule la fin de son quinquennat lui donnera raison d’avoir tout fait pour devenir un président de doublure.

Elco Saint-Amand, avocat


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