INTERCEPTÉ PAR LE FISC AMÉRICAIN

Olivier Martelly : Vaste opération en espèces ; par Léo Joseph. P. 1, 15

[photo illustration P.1 ; Olivier Martelly a-t-il marché sur les brisées de son père], [photo illustration P.15 ; Michel Martelly : bientôt au bout du rouleau. Sophia Martelly, en mauvaise compagnie ? Liliane Pierre-Paul : l’Éternel combattra pour toi, tu gardes le silence].

Selon des gens du sérail d’Olivier Martelly, le fils aîné de l’ex-couple présidentiel serait parmi les Haïtiens brassant des sommes fabuleuses en espèces. Cela constitue un atout formidable pour lui, qui en a profité pour effectuer de solides investissements dans l’immobilier. Mais c’est aussi son talon d’Achille, puisque l’Internal Revenue Service (IRS) l’avait toujours dans son collimateur. Pris dans les filets de plusieurs instances fédérales, il va falloir qu’il dise la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, pour éviter que « le Fédéral » ne tombe à bras raccourcis sur lui — et sur d’autres membres de sa famille. Car des sources crédibles proches de l’enquête fédérale en cours sur ses activités illicites ont révélé que les agents fédéraux ont trouvé un «gros gibier » en lui.

On rapporte, en effet, que la première fois que les agents fédéraux l’ont signalé, il venait de conclure l’achat d’un condo, à Miami Beach, qui appartenait à Eddy Deeb, pour plus de USD 3 millions. D’autres « découvertes majeures » ont été faites par la suite. Mais, affirment encore les mêmes sources, le plus gros coup serait une maison qu’il aurait achetée à Coco Plum, quartier su per huppé de Miami où le prix des villas sont au minimum USD 3 millions $.

Une opération suspecte

Pour les informateurs, le coup le plus fort que les agents fédéraux auraient porté contre Olivier Martelly serait l’interception de l’achat de cette dernière maison. Il paraît, à en croire ces milieux, qu’il ait tenté de conclure l’affaire en espèces. Mais la chance, semble-t-il, a joué en faveur des agents fédéraux qui auraient découvert cette opération « comme par accident», dit-on.

En effet, explique-t-on, l’acquisition faite, dans des conditions jusqu’ici occultes, le jeune Martelly, se croyant propriétaire, aurait décidé d’y séjourner un week-end. Arrivé à la barrière du complexe résidentiel, une communauté fermée, le portier lui demandait où il allait. Quand il a répondu qu’il rentrait chez lui, il s’est entendu dire qu’il n’y a pas un propriétaire répondant à ce nom dans le complexe. À ce moment, diton, il in sis tait, au point d’afficher une attitude belligérante. À ce point, on rapporte que l’homme qui se trouvait à la porte d’entrée appela la police.

Arrivés sur les lieux, deux policiers ont interrogé l’intéressé qui a donné les mêmes réponses antérieurement formulées. Sur ces entrefaites, dit-on encore, les policiers lui demandèrent de produire ses identités. À partir de ce moment, des communications ont été établies avec d’autres autorités. Finalement, puisqu’il s’agissait de l’achat d’une propriété, on laisse croire qu’on aurait été fouillé les dossiers relatifs aux biens immobiliers dans la métropole floridienne. Dans un quartier comme Coco Plum, cela fait tout un plat.

Au bout du compte, on semble avoir conclu à une «opération frauduleuse ».

Dès lors, le présumé vendeur aussi bien que le prétendu acheteur sont devenus les cibles de l’enquête ouverte par les autorités.

On ignore si l’enquête est terminée. Mais on apprend que le prix d’achat de cette maison serait USD 5 millions $. Mais un profond mystère entoure cette opération, qui semble enfoncer le jeune Martelly plus profondément « dans le trou ».

À partir de ces révélations, on comprend pourquoi le jugé fédéral chargé du dossier d’Olivier avait requis une caution de USD 5 millions pour lui. Aussi on peut imaginer que le père du prévenu soit intervenu pour payer la caution.

Une telle procédure est en accord avec des cas pareils. Car que ce soit une affaire de drogue, de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale ou d’autres crimes de cette nature, la première mesure prise par les autorités fédérales consiste à geler tous les comptes en banque de l’accusé. Parfois, même ses maisons et au très biens sont saisis, de manière à éliminer toutes possibilités qu’il ait accès à des fonds pour payer sa défense. Cela permet aux autorités fédérales de jeter un coup d’œil furtif sur les biens et transactions de la personne ou des personnes qui prend (prennent) la responsabilité de garantir la disponibilité de la caution requise, le cas échéant, pour que le prévenu puisse bénéficier de la liberté provisoire.

Dans de telles conditions, Michel Martelly et toute autre personne (peut-être Wilson Laleau, qui l’accompagnait lors de la séance en vue de décider de la caution) serait aussi sujet à cette enquête.

Il y a fort à parier que autorités fédérales n’ont pas encore tenté de toucher aux biens que possèdent la famille Martelly en Haïti. Par contre, aucun doute que tout ce qu’elle possède aux États-Unis ou ailleurs aurait déjà été repéré.

Fort de tout cela, on comprend pourquoi Michel Martelly serait bouleversé au point de sortir de ses gongs, lors de sa récente prestation au festival de Gélée, une plage sablonneuse située au sud de la ville des Cayes, dans le département du sud. Il semble que le « roi du compas » jette le blâme sur les journalistes pour ses déboires avec les autorités fédérales. Mais il feint d’ignorer qu’après avoir passé tant d’années à faire le pitre à la justice, c’était une question de temps pour que celle-ci le rattrape. Dans cette situation, Michel Martelly ne doit s’en prendre qu’à lui-même. Car il aurait pu changer en mieux, et éviter de lui attirer les conséquences de ses inconséquences. Au fait, qu’il prenne le temps de méditer sur son cas. Puisque, au lieu de changer d’attitude, par rapport à ce qu’il faisait et disait contre des journalistes, sur tout notre collègue Liliane Pierre-Paul, précédemment, cela constituerait une circonstance atténuante. Mais non, il a décidé de se raidir davantage, de traîner Mme Pierre-Paul encore plus dans la boue. S’il ne réalise pas que quelqu’un était là prenant note, il est alors pire qu’un insensé.

Le cas Olivier/ Michel/Sophia Martelly ouvre la porte toute grande aux autorités fédérales. Car celles-ci ouvre des enquêtes partout. Elles ont fini par comprendre que nombre d’Haïtiens qui ont opté pour la citoyenneté américaine l’ont fait rien que pour bénéficier des avantages qu’elle procure; mais non pour remplir les devoirs attachés à ce privilège, en tout premier lieu celui de payer ses impôts. Aussi tous les individus qui auraient fait des affaires avec ces gens sont-ils sujet à investigation. Parce qu’ils appartiennent tous à un univers où les gens donnent dans les activités illégales et font le clown à la justice.

Au bout du compte la vérité prévoit que les alliés de ce monde vont apprendre de quel bois se chauffe la justice fédérale.

LJ


édition du 24 août 2017, P, 1, 15, article de l’hebdomadaire sur support papier : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2016/12/HO23aout2017.pdf