Quand Trump lance vous êtes virée, Omarosa crie vengeance

REGARD DE LA FENÊTRE par Michele Mevs

  • LA QUERELLE ENTRE OMAROSA MANIGAULT NEWMAN ET LE PRÉSIDENT AMÉRICAIN
  • Quand Trump lance vous êtes virée, Omarosa crie vengeance

La réalité dépasse la fiction sur la scène politique, aux États-Unis d´Amérique. Des déclarations et
postes antagonistes à foison surgissent entre le président américain et son ex-conseillère à la Maison Blanche et font le buzz. Donald Trump utilisait le N-word (le mot commençant par N), lors du show télévisé The Apprentice, affirme Omarosa parlant de son ancien patron Donald Trump. (j’ai entendu cet enregistrement, il existe, dit-elle). Ensuite est venue la réaction de chef d’État américain tweetant : Compliments au général Kelly d’avoir viré rapidement (Omarosa) ce chien. D’où le fort sentiment d’outrage qui s’ensuivit dans la presse.

Aucun doute, cette affaire sur le net, cette attaque mutuelle de deux anciens partenaires-complices, Donald Trump et Omarosa Manigault Newman, ont définitivement rompu les relations.C’est un scoop révélateur mais, en même temps, c´est une démonstration de force qui se dégage de part et d´autre. Il y a lieu de prévoir tout un spectacle qui, sans doute, aboutira en série télévisée et en salle de cinéma.

« Omarosa contre Trump » sortira dans un avenir pas trop lointain en série télévisée ou au grand écran ! C’est évident, et, si nous l´avançons, c’est que cet épisode houleux de la politique américaine contient tous les éléments d´une série à succès, d’un blockbuster, ou d’un mixte de tragédie—comédie humoristique à la sauce américaine. Il y a de quoi en faire un succès primé aux Oscars, vous l’aurez compris, tout ceux qui suivent de près cette trépidante et peu ordinaire histoire.

Reprenons le fameux tweet de Donald J. Trump en date du 14 août 2018 : DonaldJ.Trump@realDonaldTrump Lorsque vous faites une faveur à une tête brûlée de bas étage, qui pleure et que vous lui donnez un travail à la Maison-Blanche, je suppose que ça n’a pas marché. Bon travail du général Kelly pour avoir viré rapidement ce chien ! 1:31 PM – Aug 14, 2018 (tweet traduit de
l’anglais).

Le synopsis de cette histoire est des plus intéressants : Une ex-assistante déclare la guerre à son
patron qui la licencie alors qu’elle avait tant cru en lui et tant sacrifié pour lui. Elle en a fait la promotion utilisant sa couleur d’épi- derme et son charme. Mais, Omarosa l´ambitieuse aurait mal lu le personnage Trump ou, du moins, elle se croyait devenue indispensable à sa cause, de sorte qu’il ne lui aurait jamais
montré la porte ?

En arrière-plan : C’est en même temps l’expression d’une passion quasi-amoureuse entre une jeune Afro-Américaine ambitieuse et son mentor blanc, multimilliardaire, qui se transforme en un exercice de vengeance d’un personnage ambitieux et controversé. Je nomme ici Omarosa, qui s’engage contre une personnalité d’importance mondiale, controversée également, personnage néanmoins incontournable, despote et très puissant : Des personnages explosifs, de forts caractères : Omarosa est une star de la télé réalité The Apprentice et promue directrice de Communications pour le bureau de liaison avec le public et assistante du président pendant près d’une année à la Maison-Blanche et Donald Trump est un milliardaire de l’immobilier de New York et ex-show-host à succès de The Apprentice, aujourd’hui président des États-Unis d´Amérique.Le côté glamour d´Omarosa, la star de télé réalité et sa forte
présence marquent, mais également son caractère impitoyable ; du moins, le personnage qu’elle
exhibait durant le show The Apprentice, la fit considérée comme une compétitrice traître, capable de frapper les autres dans leur dos(backstabbing). Un contexte exceptionnel, la première scène : Situation room, Maison-Blanche, Washington, D.C.

D’entrée de jeu une scène poignante, quand le général Kelly licencie Omarosa, alors qu´elle ne s´y attend pas. Elle demande des explications qui ne lui sont pas fournies. Un paysage politique intense, mais encore un encadrement politique spécifiquement trumpiste : La Maison-Blanche, où il faut organiser l’aménagement d’une impossible crise sociale,tandis qu´il faut libéraliser la global America richissime, mais essentiellement obligée à la grandeur du pays par l’utilisation de tous les moyens, la force n’est pas exclue.

Une intrigue de haute volée et virevoltante : Le chef d´État pré- tend qu´il ne savait rien de l’expulsion de la conseillère de son staff. Omarosa en a enregistré le contenu, comme nous l´apprendrons, elle aurait enregistré d´innombrables conversations. S’en était trop, de sorte que cette conseillère mise hors jeu décide de publier un livre de dénonciations et d’informations durant sa période à la Maison-Blanche, dévoilant le caractère de son boss. En même temps, elle compte dévoiler l’utilisation de la vérité des faits masquées et exposés en fiction ou fake-news. Exposant également les moyens mise en train, système autoritaire d’un chef d’État du pays le plus puissant au monde.

Remontons au début de l’histoire : Omarosa avait fait de Trump un dieu dont elle était devenue la collaboratrice inconditionnelle. Peu importe les défauts de son boss, ses excès dans The Apprentice, c’est le pouvoir qui la séduit. Elle se sait brillante, forte, charmante et capable de se révéler performante
à son côté.Avec lui, elle arriverait loin, très loin; et son ambition y trouverait un avenir glorieux.

Acontinuation : Or, Trump, lui, ne loge pas dans cette sphère céleste idéalisée par son assistante,  mais dans un monde bien réel prononçant menaces, nourrissant une ambiance de peur panique, décrétant des sanctions, et les renforçant. Un monde où il est la seule vérité et l’ordonnateur de
multiples décrets anti-migratoires et sanctions contre des ennemis parmi ses plus proches collaborateurs, et sans rémission. Ambition de toute puissance, de gloire militaire, de profits unilatéraux.

En Haïti on les a vus et photographiés, Mme Manigault Newman et M. Pence. Ils furent les deux envoyés spéciaux et représentants du président américain Donald Trump, lors de l’inauguration de l’actuel chef d’État haïtien Jovenel Moïse, le 7 février 2017. Pourtant, c´est Mike Pence qui éjecter Omarosa Manigault de la Situation Room, en la Maison-Blanche, à fin de d’année dernière, alors que le président américain, hypocrite, fera un coup de fil à la victime, prétendant tout ignorer de ce licenciement. (L’enregistrement de cette conversation a été faite par Omarosa et publié par elle sur le net.)

Ajoutons que la belle Omarosa aurait tant de choses à révéler au public sur la relation Trump-Jovenel Moïse…« Si an dedan pa van w, deyò pa ka achte w ». Attendons voir.

Quelles sont les raisons de son licenciement ?

Lâché et expulsée de la Maison-Blanche, Omarosa a vu se diffuser la version officieuse de ses  déboires. Selon Laura Trump, la belle-fille du président américain, s’adressant à la presse américaine, les raisons du licenciement de Mme Manigault sont les suivantes: « (… ) violation flagrante de l’éthique et de l’intégrité pendant qu’elle était en fonction à la Maison-Blanche ». Elle a ajouté « fraude pour l’enregistrement des conversations ».

Épilogue : Comment cela va t-il finir ?
Il faudra attendre la fin des hostilités pour savoir qui entre les deux protagonistes aura gagné cette partie de bras de fer. Mais, une ex-employée peut-elle gagner ne serait-ce qu’une manche contre son patron devenu le tout-puissant chef d´État dans le monde ? L´opinion publique le dira, mais c´est à la
justice américaine à trancher entre compensation et condamnation des protagonistes. Une affaire rocambolesque à suivre…

Le racisme de Donald Trump ?
Spike Lee et Omarosa Manigault Newman en sont les ultimes révélateurs, même s’ils ne sont pas, de
très loin, les seuls personnages— et pas des moindres — à l’avoir exposé, pour en avoir souffert ou
observé de près.

Qui eût pu croire qu’un président américain pourrait être raciste, misogyne, manipulateur d’événements et de concepts en 2018 ? Pourtant l’évidence est patente en la matière.

En dehors du fait que depuis le départ d’Omarosa de la Maison-Blanche, il ne reste plus de membre sénior du personnel qui soit Afro-Américain, que le déficit de diversité à l’Aile ouest est flagrant, des indices sont évidentes. Déroulons en quelques faits provenant de la presse américaine :

-Trump a refusé de condamner les ceux qui croient à la supériorité des Blancs, les néo-nazis et les
membres du K.K.K,suite à l’incident de Charlottesville ou quand il en a eu l´opportunité;

-L´affirmation selon laquelle 15 000 Haïtiens qui avaient obtenu un visa pour vivre aux États-Unis  avaient « tous le sida » et que 40 000 détenteurs de visas nigérians ne « retournent jamais dans leurs
huttes »;

– Avoir demandé pourquoi les États-Unis devaient admettre des immigrants de pays « shit-hole », Haïti et les pays d’Afrique, par rapport à ceux de Norvège.

– A demandé au reporter noir April Ryan d’organiser une réunion avec un membre du Black Caucus du Congrès, car il pense apparemment que tous les Noirs sont des amis.

– Les communautés minoritaires, qualifiées de « ghettos », étaient décrites comme des « gangs errant dans les rues ».

-Ils ont, l’équipe de Trump, passé cinq ans à répandre la théorie du complot selon laquelle le premier président noir des États-Unis n’était pas né aux États-Unis. Obama passe pour un ennemi déclaré de Trump.

-Trump a été, par deux fois, poursuivi par le gouvernement fédéral sous l’accusation d’avoir « découragé la location d’appartements à des Afro-Américains » (les procès ont été réglés plus tard);

– Face aux preuves ADN et à l’exonération officielle, il a insisté sur le fait que le groupe Central Park Five, un groupe de quatre Afro-Américains et un adolescent hispanique, sont coupables de viol et devraient être exécuté -Il passe une grande partie de son temps à attaquer les Noirs, y compris les athlètes comme James Lebron, plus récemment. Le représentant Maxine Waters est dans sa ligne de mire. Le journaliste Don Lemon et l’un des rares Afro-Américains à avoir été employés par la Maison-Blanche. Amorosa Manigot Newman est, selon Trump, une pleureuse de « bas étage » et une « chienne ». (Source presse américaine).

Le cinéma à la rescousse des Afro Américains
Quand on est un directeur aussi réputé au cinéma que Spike Lee, cela va de soi qu’il représente un
talent afro-américain qui possède les techniques et le talent pour montrer par l’image comment le racisme en Amérique, qui prévalait, au cours des années 70, perdure encore en 2018. Je tiens à me référer ici à son tout dernier film BlackKKlansman.

Avez-vous vu BlacKKKlansman ?
Il s´agit d´un policier noire qui infiltre le KKK. Cela se passait dans les années 70 et Lee de nous  prouver que le racisme outrageant est encore d´actualité. Quand Spike LEE est interviewé sur son œuvre, la semaine dernière, Trevor Noah s’écrit : « Je n’ai jamais fait une telle expérience en regardant un film…, votre film est puissant, votre film est magnifique ».

Spike Lee, sur la couverture du Time Magazine du 20 août 2018. Quand on est Omarosa Manigault Newman, quand on est une star de la TV réalité, qu’on a travaillé de près avec Donald Trump dans The Apprentice, et qu´on a été promue directrice en liaison, on a une certaine autorité professionnelle.

Actuellement, la population des États-Unis d’Amérique est convaincue que Donald Trump est un président raciste ! Citons encore la presse américaine : En rapport avec le racisme de Trump : « Après février, les sondages ont démontré que la majorité des Américains pensent que Trump est un raciste, Fox News (pour en pallier les conséquences) eut recourt à des références sur l’économie florissante. Fox News poursuit et demande aux panélistes invités : “Appréciez-vous suffisamment cela ? ‘’ » (« what’s not to love?»).

Quant au revirement d´Omarosa, elle suscite une certaine angoisse politique au sein de l’administration. Mais, Omarosa est-elle un personnage crédible ? Et, de ce fait, l‘administration Trump pourrait-elle éventuellement chercher à la disqualifier davantage ? En même temps, apporte-t-elle des preuves sérieuses qui pourraient légalement impliquer le président Donald J. Trump ? Déjà qu´il se montre par rapport à Hollywood et à l’égard de la presse, etc.

Or, Omarosa ne jouit pas d’une bonne réputation. On lui reproche son hypocrisie et sa posture qui ne tient compte que de ses intérêts personnels, vu qu’elle n’est montée au créneau contre Trump que seulement une fois mise à pied, alors que jusque-là elle agissait en partisan fanatique d’entre les plus actifs, expressive, convaincante, dévouée à son maître.

D’aucuns pourraient penser que ce sont deux larrons qui se battent à coups de publications critiques, de tweets méchants et d’articles de propagande et à l’ai- de de programmes de TV News partisans.

D’autres pensent que le monstre Trump se bat contre sa propre créature : Omarosa façonnée à sa manière, une fanatique ! Reprenons une image captée sur une émission News TV : « Connaissez vous Mary Shelley ?, demandait un participant. « C´est celle qui a écrit le fameux livre à succès, le classique Frankenstein et, cet auteur a démontré par là que créer un monstre peut être fatal car, il arrive q7e la créature s’en prend à son créateur »… Donald J. Trump, en tant que personnage principal au cinéma, serait le parfait stéréotype du mauvais personnage, capable de changer d’idée comme de chemise sans remords et sans explication aucune. Capable également de tourner les uns contre les autres, ses plus proches collaborateurs compris, dès qu’il les juge dangereux ou sans aucun intérêt pour lui. Pour Donald Trump « You are fired » (Vous êtes viré) est une règle du pouvoir. De plus, un allié, employé et collaborateur ne sont que marchandise avec date de péremption. Vous avez en tête les nombreuses révocations et sanctions prises contre des partenaires, assistants, collaborateurs politiques qu’il a licenciés, mis à la porte, soudainement et sans état d’âme, parce que ceux-ci auraient contredit sa politique ou deviendraient source de déclarations, détenteurs des preuves, le tout, à son encontre. Omarosa n´est qu´une d´une longue liste de personnes prises pour cibles par Donald Trump. Il lui cherche des sanctions. Pour Trump, c’est un mauvais coup qui lui est asséné par une subalterne ingrate… Si les raisons de son expulsion de la Maison-Blanche n’ont pas encore été claire- ment élucidées et validées comme vraies, justes, légales, on apprend, par voie de presse, comme l’a révélé The  Washington Examiner : « la campagne Trump avait déposé une demande d’arbitrage contre Manigault Newman, réclamant des millions de dollars parce qu’elle aurait violé un accord de non-divulgation signé avec Trump pour la campagne 2016 ». On sait également que le président Trump a demandé qu’on la mette en prison pour ses attaques récentes contre lui.

Aussi Christina Cauterucci déclare-t-elle : « L’opportuniste à la Maison-Blanche n’a attiré que des opportunistes. Il ne faut donc pas s’étonner que Manigault Newman ne soit pas une lanceuse d´alerte fiable. Les personnes qui ont volontairement travaillé pour Trump ne le seront jamais ».

Selon Christina Cauterucci, un besoin insatiable de notoriété anime Omarosa, car une immense soif de pouvoir l´habite. Telle serait la motivation fondamentale qui expliquerait cette récente sortie en force d’Omarosa contre Donald Trump. Alors, son positionnement anti-Trump est-il sincère et vrai, ou simplement opportuniste ou fake ? Omarosa aura été jusque-là une des représentants les plus zélés, les plus enthousiastes, les plus convaincants de Donald Trump, mais, va-t-elle devenir son plus violent ennemi ? En lisant Unhinged en librairie, depuis le 14 août 2014, espérons mieux comprendre ce que cachent nos personnages, en attendant d’arriver au dénouement. M.M.


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 22 août 2018 et se trouve en P. 2, 9 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/08/H-O-22-aout-2018-2.pdf