Le Gouvernement Moïse-Céant en Flagrant Délit de Collaboration Avec les Gangs Armés

Le Gouvernement Moïse-Céant en Flagrant Délit de Collaboration Avec les Gangs Armés

  • ÉDITORIAL

Depuis plusieurs années, les dénonciations fusent de toutes parts faisant état de l’étroite collaboration politique existant entre des membres de l’Exécutif ainsi que des parlementaires avec les gangs armés. Les crimes qui ont été commis sur la personne de jeunes gens des deux sexes à La Saline, bidonville situé au nord-ouest de Port-au-Prince, expose cette sordide relation dans toute sa révoltante laideur et sa bestialité ahurissante. Cela prouve, au-delà de tout doute, que les hommes du pouvoir sont les fournisseurs d’armes et de munitions aux criminels qui font la loi dans les zones de non-droit. Dès lors, le gouvernement est partie prenante des activités criminelles, dont sont victimes les paisibles citoyens et les distributeurs de ces engins meurtriers doivent partager la responsabilité des délits reprochés aux gangs des bidonvilles.

Initialement, des informations diffusées sur les réseaux sociaux faisant allusion à ce qui est décrit comme le massacre de La Saline, découvert le mercredi 14 novembre, laissaient entendre qu’il y avait 25 morts. D’autres ont fixé le nombre de victimes à 20, de telle sorte que le bilan annoncé, quoique différent l’un de l’autre, établissait un acte criminel des plus monstrueux. Surtout quand est affichée sur les réseaux sociaux l’image d’un cadavre jeté sur un tas d’immondices livré en pâture aux pourceaux. Une telle scène soulève le cœur de tout humain. C’est pourquoi on s’est demandé comment des êtres humains peuvent commettre ces actes odieux contre leurs semblables, de surcroît de même nationalité qu’eux.

Ceux qui avaient des doutes concernant cet acte horrible peuvent se référer au rapport sur le massacre de La Saline présenté par la Fondasyon je klere (FJKL) signé par Marie Yolène Gilles, avec la participation de l’ex-sénateur, Me Samuel Madistin, rapport rédigé deux jours après l’incident dans lequel est exposé le rôle joué par l’administration Moïse-Céant dans ce massacre. Il s’agit, selon le document, d’un crime perpétré par procuration, dressant un gang d’un autre fief contre celui de La Saline, dans le cadre d’une opération ayant visé à tirer vengeance contre les membres de celui-ci. Le Palais national impute aux bandits de La Saline l’attaque à coups de pierre dirigée sur la personne du président Jovenel Moïse et son entourage, à l’occasion de la fête commémorative de la mort de l’empereur Jean-Jacques Dessalines, le 17 octobre dernier, quand le chef de l’État déposait une offrande florale sur la tombe de ce dernier au Pont-Rouge. Surtout qu’auparavant la première dame, Martine Moïse, a eu l’occasion de se réunir en tête-à-tête avec le chef de gang Bout Janjan. Ayant délibéré- ment décidé de ne pas émettre de communiqué, à la suite de cette rencontre, on peut déduire que la première dame n’avait pas fait le déplacement à La Saline dans le cadre d’une œuvre humanitaire. On est donc en droit de conclure qu’elle avait été chargée de conclure le marché qui devait déboucher sur le massacre de La Saline.

D’aucuns pourraient se demander pourquoi le Palais national et la Primature restent silencieux devant ce crime collectif odieux. Dans la mesure où se confirme l’idée que Martine Moïse a été expédiée à La Saline afin de planifier l’exécution de ces personnes avec les tueurs à gages de ce bidonville, elle cesse de présenter le profil de la première dame traditionnelle dont le rôle est généralement lié aux actes de charité et aux œuvres humanitaires, des initiatives qui s’inscrivent dans la mission de bienveillance à laquelle s’adonnent les premières dames du monde entier. En ce sens, la femme de Jovenel Moïse est loin d’être une émule de Claire-Heureuse, l’épouse de l’empereur Jacques 1er. Car, quand, immédiatement après l’indépendance, son mari, prenant sa revanche par rapport aux crimes des colons contre les esclaves, avait or- donné le massacre des Français, Mme Dessalines était cette âme charitable qui soustrayait à la mort nombre de Français recherchés pour être exterminés. Ou encore de Yolette Magloire, l’épouse du président général Paul Eugène Magloire, dont les activités culturelles et humanitaires rehaussaient l’image de l’administration de son mari. Cette attitude contraste avec celle de l’actuelle première dame profitant du passage de son époux au pouvoir pour réaliser des millions, notamment dans des transactions de produits pétroliers, par le biais des institutions de l’État.

Il ressort que Martine Moïse suit les brisées de Sophia Martelly qui a profité du pillage d’Haïti orchestré par son mari pour ramasser des mil- lions à la pelle. Quand bien même elle aurait soi-disant créé des programmes de bienfaisance au profit des déshérités du sort, en réalité c’était un moyen de s’enrichir. Puisque moins de 20 % des montants extraits du fonds PetroCaribe pour financer les initiatives de Sophia Martelly étaient affectés au financement de celles-ci. L’actuelle première dame d’Haïti se mêle à toutes les affaires de son mari, son partenaire dans la dilapidation de la caisse publique. Elle s’engage aussi à fond dans ses activités criminelles. Par son implication dans le massacre de La Saline, Martine mérite bien de Jovenel Moïse.

Le crime perpétré à La Saline, la semaine dernière, fait penser à la disparition du journaliste photographe Vladimir Legagneur qui n’est jamais retourné à sa famille d’une mission de reportage à Gran Ravin, au début de l’année. La nonchalance qui caractérise les recherches de la Police pour le retrouver, restées sans suite, et suivies du silence permanent affiché par l’institution policière, laisse croire que M. Legagneur a été sacrifié par le pouvoir ne voulant pas lancer une enquête sur ses propres alliés de ce bidonville, afin d’éviter de mettre ces derniers sur la sellette. Le silence de la PNH, de la Présidence et de la Primature dans le crime de La Saline rappelle étrangement celui de ces autorités par rapport à la disparition sine die de Legagneur.

Chose bizarre, les pistes ouvertes sur les moyens utilisés par les bandits de Gran Ravin pour enlever M. Legagneur n’ont jamais été suivies par les enquêteurs de la PNH, ces derniers ayant opté plutôt pour se lancer dans une aventure sans lendemain, en évoquant l’analyse des ossements attribués à la victime, et qui avaient été trouvés moins de deux semaines après la disparition de Vladimir Legagneur. Alors que, après ces quelques jours qui ont suivi la disparition de la victime, la décomposition de son cadavre n’aurait pas atteint une phase avancée. Mais la PNH n’a jamais donné de suite aux tests d’ADN des ossements qu’elle prétendait effectuer.

Dans le cas des victimes de La Saline, les autorités n’ont fait aucune allusion aux démarches qui auraient pu se faire pour les identifier. Ni annoncer l’ouverture d’une enquête pour identifier les responsables de ce crime. Cela voudrait dire qu’il n’y a pas lieu d’ouvrir une enquête sur ces personnes puisque « nous savons déjà qui ils sont ».

Bien que Jovenel Moïse ait accédé au Palais national, après avoir collecté seulement 600 mille voix des plus de 3 millions d’électeurs, et au milieu d’une contestation implacable, le peuple ne pouvait s’imaginer que son gouvernement allait s’associer aux criminels des bidonvilles de Port-au-Prince. La nation demande justice pour les victimes de La Saline. Voilà une nouvelle revendication qui s’ajoute aux demandes de la population : que soient connus l’usage qui a été fait du fonds PetroCaribe, et la poursuite en justice des voleurs des USD 3,8 milliards $ générés par la vente des produits pétroliers vénézuéliens sur le marché national.

Certes, le tandem Moïse-Céant s’est révélé un collaborateur avéré des gangs armés qui sèment le deuil et la terreur au sein des familles. Comme c’était le cas pour les kidnappeurs liés au régime défunt d’Aristide qui les manipulait depuis son exil. Encore une autre raison pour le peuple haïtien de montrer la porte à Nèg Bannan nan !


cet article est publié par l’hebdomadaire Haiti-Observateur, édition du 21 novembre 2018 en P. 10 et se trouve à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/11/H-O-21-november-2018-1.pdf