Manifestation à plusieurs têtes vers le Palais national par Léo Joseph

MOBILISATION TOTALE POUR FAIRE PARTIR JOVENEL MOÏSE par Léo Joseph

  • Manifestation à plusieurs têtes vers le Palais national
  • Henry Céant démissionne sous les pressions du Palais national ; Des magasins mis à sac à la capitale au cours des dernières manifs ; Evans Paul passe à l’opposition…

La contestation, qui bat son plein dans tout le pays, depuis le lancement du mouvement PetroChallenge, qui prend de plus en plus de proportions, pour, au commencement exiger que lumière soit sur l’usage qui a été fait des USD 3,8 millions $ du Fonds PetroCaribe et des poursuites judiciaires contre les dilapidateurs de cette fortune, prend une direction tout autre. Désormais, la mobilisation est lancée pour que Jovenel Moïse quitte le pouvoir, sans condition. Déterminées à avoir gain de cause à tout prix, les populations de la capitale aussi bien que celles des villes de province, entendent investir les rues, jusqu’à ce que Nèg Bannann nan réalise qu’il n’y a plus d’autre issue que de « rache manyòk li bay tè a blanch ».

La nouvelle ronde de manifestations mises en branle le 7 février, date marquant le deuxième anniversaire de la prestation de serment de M. Moïse, a changé d’objectif. Les protestataires demandent que ce dernier démissionne, « point barre ». Depuis cette date, les événements se bousculent d’heure en heure, au point qu’on ignore de quoi sera faite le jour suivant.

Le Premier ministre forcé de démissionner grossièrement

Confronté à des manifestations bruyantes devenues de plus en plus agressives, Jovenel Moïse semble vouloir trouver la même recette qui lui a été offerte après les émeutes des 6, 7, et 8 juillet 2018, qui s’étaient soldé par le départ de son homme lige Jacques Guy Lafontant comme Premier ministre, pour le remplacer parle notaire Jean Henry Céant. Le principe du «fusible» avait donné un répit à Moïse qui n’a pourtant pas duré six mois.

Pour des raisons qui restent à se définir, face à ces manifestants intransigeants, qui insistent pour qu’il remette les clés du Palais national, Jovenel Moïse n’y est pas allé de main morte dans sa décision de se défaire de Jean Henry Céant.

En effet, des sources proches de la présidence ont révélé qu’une réunion du Conseil des ministres, qui s’est tenue aujourd’hui, était on ne peut plus houleuse. Car M. Moïse insistait pour que le Premier ministre donne sa démission. Mais Céant, qui semblait avoir d’autres plans, ne l’entendait pas de cette oreille. Mais il semble que le chef de l’État se soit entendu avec son équipe pour que le notaire soit littéralement « bousculé » hors de la primature. Comme ce dernier indiquait, sans équivoque, qu’il ne démissionnerait pas, alors l’ancien sénateur du Sud et ex-maire des Cayes Gabriel Fortuné, conseiller très écouté de Jovenel Moïse, s’est précipité sur Me Céant et lui a administré une gifle, au moment même où au moins un des policiers du Palais faisait semblant de bousculer le Premier ministre.

Il semble que quelqu’un de l’entourage de Céant ait lancé un SOS à une station de radio de la capitale pour dire que ce dernier était l’objet de mauvais traitements physiques au Palais. En tout cas, la nouvelle était diffusée que le Premier ministre était « en difficulté ».

Tôt dans l’après-midi du mardi, on a vu la caravane du Premier ministre sortir de la barrière de la résidence officielle du président de la République. Mais on ignorait quel sort a été fait à Me Céant au cours de cette réunion du Conseil des ministres. Mais on n’allait pas tarder à prendre connaissance des déboires de l’occupant de la primature. Car la lettre de démission de chef du gouvernement commençait à faire le tour des réseaux sociaux.

En effet, en date du 12 février 2019, une correspondance adressée à Jovenel Moïse, par Jean Henry Céant, est ainsi libellée :

« J’ai l’honneur de vous présenter ma démission du poste de Premier du gouvernement (sic) de la République.

« Cette décision prend effet dès réception de la présente.

« J’espère que par ce geste patriotique vous réussirez à résorber la crise sociale, économique et politique qui sévit dans le pays depuis plusieurs semaines.

« Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de ma haute considération ».

Bien sûr, la lettre porte la signature de : Jean Henry CÉANT.

Manifestation de plusieurs branches pour demain (mercredi 13 février)

La manifestation du mercredi 13 février prend une dimension tout autre. Les protestataires seront encadrés de sénateurs et de députés qui sont carrément passés à l’opposition, s’étant ralliés à des millions de citoyens qui descendent dans la rue pour exiger la démission inconditionnelle de Jovenel Moïse.En sus de tout cela, parmi les leaders se trouvera l’ex-Premier ministre Evans Paul (K-Plim), qui passe à l’opposition.

Le paratonnerre que constitue le Premier ministre pour le président absent, Jovenel Moïse va se retrouver seul face à cette manifestation intransigeante qui a toutes les chances de dépasser les toutes dernières (7, 8, 9, 10, 11, 12 février) dont les centaines de milliers de personnes qui y participent font dire qu’elles sont «historiques».

Le secteur populaire et démocratique et ses alliés, qui organisent encore une autre manifestation demain (mercredi 13 février), qu’ils qualifient de « manifestation des manifestations », aura sept têtes. Elle prendra naissance à plusieurs points de la capitale; chaque branche sera dirigée par un groupe de leaders, dont des sénateurs et des députés, ainsi que des personnalités et leaders bien connus de la capitale.

En effet, la Branche Numéro 1 regroupera les résidents de : Cité Soleil, Trois mains, Carrefour Aéroport, Nazon, Lalue, Tour 2004. Elle aura sa tête les personnalités suivantes : le sénateur Ricard Pierre, Ulrick Saint-Cyr, Marjorie Michel, Magalie Lacroix, Sheila Martiné, Jeanty Manis, René Monplaisir.

Branche Numéro 2 réunira les résidents de : Carrefour Aviation, Saint-Jean Bosco, La Saline, Delmas 2, Bel-Air, Tour 2003, Place de la Paix.

Cette branche sera dirigée par : le député Roger Millien, le député Manès, Rony Timo thé, Wòy et Ferlando.

Branche Numéro 3 : Kenscoff, Thomassin, Pétion-Ville, Jalousie, Bourdon, Mupana, Champ-de-Mars. Les personnalités suivantes seront à la tête de cette branche : Sénateur Kato, Dr Schiller Louidor, Me André Michel, Audin Bernadel, le député Millien Romage, Claudy Sydney, le sénateur John Joël Joseph.

Branch Numéro 4 : Croix des Bouquets, Gérald Bataille, Delmas 33, Delmas 32, Lalue, Place Pétion, Bureau Ethnologie.

Les dirigeants seront : Magistrat Rony Colin, le sénateur Desras, le sénateur Beauplan, le sénateur Latortue, le sénateur Moïse, le sénateur Kelly Bastien, Me Axène Bruna, St-Éloi Dominique.

Branche Numéro 5 : Carrefour-Feuilles, Première Avenue, Ruelle Alerte, Ruelle Cameau, Rue Capois.

Cette branche aura à sa tête : James Romain, Evens Paul, Yves-André Joseph.

Branche Numéro 6 : Gressier, Carrefour, Route des rails, La Marine, Mariani, le Marche de Carrefour, Saint Charles, Thor, Diquini.

À la tête de ce groupe, les personnalités suivantes : le sénateur Nènèl Cassy, Muraille, Dari, Patrick.

La Branche Numéro 7 : Fond Tamara, Martissant, Grand-Ravin, Champ de Mars, Palais national, en face du Bureau d’Ethnologie.

Cette branche sera dirigée par : Le député Printemps Bélizaire, Gena Joseph, professeur Mérilien.

Les dirigeants de la manifestation ont affirmé que d’autres leaders prendront part à cette grande mobilisation.

Une douzaine de manifestants portés disparus

Un incident insolite s’est produit en marge de la manifestation du mardi 12 février. On rapporte qu’une douzaine de participants, qui faisaient partie de la foule qui manifestait au Champ de Mars, ne sont pas retournés chez eux. D’autres manifestants, qui se trouvaient sur les lieux ont raconté une histoire incroyable, mais qui donne une idée de la fourberie des gens liés au pouvoir tèt kale.

Selon des informations relayées par des radios de la capitale, une douzaine de manifestants avaient pris refuge au consulat du Pérou pour échapper à la répression des policiers qui étaient déployés dans l’aire du Champ de Mars. Selon ses informateurs, ces personnes, qui n’avaient pu être encore identifiées, ne sont jamais sorties de cette installation consulaire. On laisse croire que Shérif Abdallah serait le consul honoraire du Pérou. Alors qu’on savait qu’il était le consul général d’Italie.

Des journalistes, qui ont été au consulat, auraient déclaré avoir observé des douilles de cartouches.

Il est avisé aux personnes dont les enfants, amis ou des proches, qui auraient été à la manifestation du mardi et qui ne sont pas retournés chez eux, de prendre contact avec les radios de la capitale.


cet article est publié par l’hebdomadaire Haiti-Observateur, édition du 13 fév 2019, et se trouve en P. 1, 2, 7 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2019/02/H-O-13-fev-2019-1.pdf